De nos jours encore, l’image de la bohème correspond à la vie de certains artistes. Qu’il s’agisse de quitter un pays pour un autre ou de déménager d’atelier en atelier, que l’itinéraire soit désiré ou imposé par les circonstances, l’artiste tend immanquablement vers quelque chose, mais sa démarche est quelquefois semée de doutes, d’hésitations, d’errances.
Les épreuves de la vie ou la confrontation à la réalité de l’époque contemporaine peuvent transfigurer l'œuvre, lui donner un sens que l’artiste peut aussi bien ne jamais découvrir s’il ne persévère pas dans sa recherche. La richesse créatrice reconnue, le chemin de la consécration passe par des voies détournées, d’où cette idée d’errance rattachée à l'œuvre. «La plus grande errance ne consiste-t-elle pas à nomadiser sur place ? » selon le mot de Gilles Deleuze.
L’itinéraire est rarement linéaire, et s’il se prétend visionnaire, par le doute qui subsiste et l’intuition qu’il poursuit, l’artiste a besoin de cette errance, qu’elle soit géographique, économique, esthétique ou spirituelle : elle est vitale pour lui et sa création. L’artiste construit son œuvre par la maîtrise et avec la conscience de son intuition. Il se donne un itinéraire et laisse parfois le hasard le guider afin d’être le créateur d’une œuvre personnelle. Ce thème est emblématique de toute démarche artistique. ODE
コメント