Confronté aux différentes vagues d’immigration, le n°10 de la rue Dénoyez a été l’un des premiers logements construits pour le prolétariat au début du XXème siecle. Le thème de l’exposition s’intitule « le chant des terres ». Il s’agit d’un projet de réhabilitation sociale et culturelle inscrit dans un site particulier, populaire et cosmopolite.
« Pourquoi faut-il qu’ici échoue le peuple » pourrait être la devise de ces lieux oubliés de l’intégration. C’est pourquoi je souhaite réhabiliter cet espace ouvert à toutes les influences mais qui n’a jamais été rénové, ni pris en considération.
Je veux rendre sa noblesse à ce site en mélangeant, confondant le lieu et l’œuvre. Le bâti serait à la fois support d’une œuvre et œuvre elle-même. Ceci dans le but polémique et artistique de souligner le caractère de plus en plus marginal de toute habitation populaire à Paris.
Un lieu symbolique de représentation du mélange des cultures par un travail à même le site, tel un dernier baston de résistance cosmopolite jamais épargné par l’usure du temps.
Je souhaite faire en sorte que l’on s’y arrête, et arrêter le mouvement de disparition de ces lieux ambigus partagés entre le charme et l’insalubrité qui font la beauté d’une ville comme Paris et ses faubourgs. Transfigurer en une sorte de temple païen aux couleurs bigarrées, à l’image même de ces habitants et du territoire sur lequel se situe l’action.
Sacraliser afin de protéger ce qui paraît trop fragile, conserver la fragilité d’un lieu c’est la condition même d’une œuvre d’art.
Je désire prendre en considération comme un phénomène artistique, un parti pris esthétique, non pas tourné vers le passé, mais plutôt comme un regard sur l’homme de la ville : échouage du peuple de Paris que l’on guide vers la sortie.
Paris 1991 Olivier de Schrynmakers
titre tiré de cette chanson du groupe MARC SEBERG Album Lumières et trahisons dont le chanteur s'appelle Philippe PASCAL
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